mercredi 29 janvier 2014

Munde Shayapan ou la rage au coeur

 Le héros est fatigué. Munde Shayapan le Héros de Belyotora, sans doute le plus grand héros vivant du Dashan n'en peut plus, non pas physiquement mais psychologiquement. Son Dharma lui pèse et les événements décrits dans les Princes d'Ashora vont entraîner certaines conséquences aussi sanglantes qu'imprévues...

Si vous vous êtes attaché à Munde dans les Perles d'Allaya vous comprendrez que la quête qu'il a mené précédemment laisse des traces.
Son mal-être s'est approfondi, Munde est devenu difficilement contrôlable.

Il va se heurter à la mesquinerie des hommes et à la cruauté des dieux. On sent que ça risque de ne pas bien tourner. Mais, vraiment, pas, bien.

Le récit est mené tambour battant, les scènes d'action (nombreuses) sont fluides et vraiment impressionnantes. Le surnaturel est décrit comme effrayant, quasiment "indicible", et donne
vraiment la chair de poule.

Les Perles était un coup d'essai très réussi, Les Princes d'Ashora est un coup de maître. Gabriel Feraud maîtrise son récit avec doigté et précision, approfondi la société du Dashan avec un plaisir féroce, jubilatoire et communicatif et donne une ampleur véritablement épique à son univers.

C'est une épopée dans un monde que l'on perçoit comme immense et impitoyable.

Et quelle cruauté envers ses personnages, on se croirait presque dans du GRR Martin !  Quant au destin de Munde...

J'ai rarement perçu une telle rage nihiliste dans un ouvrage de Fantasy, c'est rude, vif, cruel, on se croirait dans la Horde Sauvage (oui, le film de Peckinpah).

Je m'attendais à une bonne suite, c'est une suite pleine de surprises (cruelles) et encore meilleure que ce à quoi je m'attendais.

Chapeau Gabriel !

mardi 27 septembre 2011

Imagerie Lovecraftienne

Ce type a un talent extra-ordinaire, ses illustrations sont vraiment "malsaines", tout à fait lovecraftiennes en tout cas.

Il s'appelle Michael Bukowski... avec un nom pareil, il était sans doute pré-destiné !

Très à droite populiste

http://lci.tf1.fr/politique/la-droite-populaire-a-l-offensive-6729332.html

Il y a quelques temps Emmanuel Todd se demandait si l'UMP n'était pas en train de virer proto fasciste.

La réponse est claire, l'UMP ou du moins sa composante dite de la "droite populaire" est à la droite de Le Pen.

Parlez-moi encore de la droite républicaine...






lundi 26 septembre 2011

Pourquoi il faut lire “Le Trône de Fer"



La science fiction a eu Dune, la fantasy a le Trône de fer.

Si Dune est une œuvre majeure, un classique de la littérature, ASOIF (A Song Of Ice and Fire, le nom en anglais du Trône de Fer)  avant même que la saga ne soit achevée semble avoir acquis un statut similaire. Décliné en série télévisée, en jeu vidéo, en jeux de plateau et de rôles, ASOIF est un filon en or massif.
Qu’est-ce qui explique ce succès tant populaire que critique ? Le génie d’un écrivain ou la rencontre entre une œuvre et une époque particulière ? Ou les deux ? Ou quelque chose de totalement différent ?

GRR Martin : un titan dressé sur les épaules des géants.

On peut parier aujourd’hui -et sans risque de se tromper- que Martin aura un impact majeur sur la littérature de fantasy, un impact de mon point de vue au moins aussi important que Tolkien. Mais Martin est un Tolkien qui aurait sacrifié Aragorn au bout de 500 pages. Martin ne décrit pas – ou pas seulement - des héros, Martin décrit une époque dans un monde particulier.

Un monde magnifique mais cruel, un monde que les humains ont cru maîtriser et qui, de plus d’une manière, leur fait payer – avec une cruauté sans nom - leur erreur. Martin est un Tolkien qui renverse les tables et les rôles, les personnages les plus méprisables changent parfois et peuvent devenir – rarement – un peu meilleurs. Ironiquement les « bons » connaissent un destin encore plus cruel : il leur faut devenir ce qu’ils réprouvent et user de leur part d’ombre… ou mourir. Ceux qui s’y refusent meurent et quand ils meurent ils le font dans l’opprobre. N’est-ce pas Ned ?

Du sang et des larmes : il n’y a pas d’honneur.

ASOIF est en réalité un roman qui traite de la difficulté d’être un humain et d’assumer ses choix et responsabilités.
Martin est un naturaliste, un matérialiste, pas un moraliste. Il a prévenu : il n’y aura pas de happy end. Et pourtant, comment ne pas s’attacher à ses personnages, aussi sombres soient-ils ?
Les Lannister sont clairement les plus horribles des souverains. Mais sont-ils cruels ou simplement machiavéliques ? N’auraient-ils pas compris que dans ce monde l’homme est un loup pour l’homme (je relis ma phrase et je ris)? Et comment ne pas admirer l’énergie amorale d’un Jaime, la perfidie insondable d’une Cersei aussi belle que dangereuse, aussi infatuée d’elle même que profondément (auto ?) destructrice ?
Comment ne pas admirer l’intelligence cauteleuse et parfaitement monstrueuse d’un Tywin Lannister. Une intelligence monstrueuse selon deux acceptions : rares sont les esprits aussi retors que celui de Tywin Lannister et rares sont ceux qui sont aussi dépourvus d’humanité. Mais même Tywin est à plaindre d’une certaine manière. Il y a ici un déterminisme auquel aucun personnage n’échappe.
Pour Joffrey, bon, Martin le décrit lui-même comme une petite merde (oui, je cite)… et pourtant peut-être le verrez-vous autrement un jour, peut-être n’est-il d’une certaine manière qu’une victime lui-même. Après tout, qui a fait de lui ce qu’il est devenu ?
Tyrion l’un des personnages les plus ambiguës de la série est également un des plus intéressants, membre d’une famille qu’il aime et qu’il déteste, génie emprisonné dans le corps d’un nain son destin devient de plus en plus obscur à mesure que le récit avance. Quant à penser qu’il sera le dernier des Lannister, il y a un pas à ne pas franchir.

Les Stark sont quant à eux des parangons de vertu. Du moins est-ce ainsi que vous les verrez au début. Mais chacun d’eux porte une blessure, qui pourrait s’avérer mortelle : la confiance, l’honneur chevaleresque sont-ils synonymes de longue vie dans les intrigues de Westeros ?
Leur destin est noir, une tragédie totale, mais des lueurs d’espoir se font jour et les survivants joueront un rôle centrale sur l’échiquier de Cyvosse qu’est Westeros.

Martin joue avec un nombre conséquent de grandes maisons nobles mais toutes ont leur spécificité et leur caractère propre. Toutes ou presque sont des nids de vipères.

L’idéal chevaleresque en prend pour son grade les chevaliers sont dans leur majorité décrits comme des hommes dont l’honneur n’existe que dans les chansons et de fait, l’honneur on le revendique beaucoup, mais pour ce qu’il vaut…

Chez Martin point d’honneur mais une tentative d’interpellation : la plume est parfois plus forte que l’épée. Il ne s’agit pas que de savoir manier l’épée et de gagner des batailles. Il s’agit de savoir se ménager des alliés et de savoir les utiliser.

Vous comprendrez…

Low fantasy, vraiment ?

On décrit beaucoup ASOIF comme une épopée de low fantasy. C’est l’impression que l’on peut avoir durant le premier tome, mais n’oubliez pas le prologue du livre premier. Les Autres se sont éveillés

Les humains ont semble-t-il tout fait pour que le surnaturel disparaisse du paysage, ainsi en va-t-il de ce que les humains ne peuvent ou ne veulent pas comprendre.

Daenerys Targaryen, héritière d’une lignée de rois incestueux (et qui en portent les stigmates), descendante des Valyriens, qui ne sont pas sans évoquer l’Atlantide engloutie vous emmènera en orient et vous assisterez (secret de Polichinelle à l’heure où vous lisez ces lignes) à la naissance de ses dragons, les premiers à naître depuis au moins un siècle.

Les dragons sont vus à Westeros comme des créatures de légendes mais on sait qu’ils ont existé et qu’ils ont constitué pour les Targaryens un instrument de conquête d’une rare efficacité et puis ils sont morts… Comment, pourquoi ? Vous verrez, mais peut-être y a-t-il davantage ici qu’une extinction  « naturelle ».

L’ambigüité est également un personnage majeur chez Martin. Des mages à la D&D vous n’en verrez pas… Non, non, sauf peut-être en Orient. Sauf peut-être là où vous ne les attendez pas. Sauf que vous rencontrerez la femme rouge, vous rencontrerez Qaithe et les Non-Mourants. Vous entendrez parler de Maggie et d’une certaine Maegi et d’une certaine magie du sang. Quant aux enfants de la forêt, bien sûr qu’ils sont mort. Bien sûr. Mais si.

Quant à la mort évidemment, rien ne peut la contrarier. Jamais. Parlez-en à Beric Dondarrion, aux Marcheurs Blancs et à ceux que l’on appelle « les Autres », juchés qui sur un cheval non-mort, qui sur un ours blanc à demi pourrissant.

Oserez-vous ensuite  venir me dire qu’il s’agit de low fantasy?

Ce qui change tout, c’est l’intelligence avec laquelle Martin présente sa petite affaire : la magie est, certes, mais la magie est d’abord légendes, discrétion, récits à demi oubliés et ressurgissant de manière inopiné et terrifiante. On n’est pas chez Harry Potter ici, les dieux réclament des sacrifices : du sang et des âmes en quelque sorte. Toujours la magie –la sorcellerie- devrais-je dire, est liée à la peur, à la terreur et à la mort. Pas de boules de feu ici (encore que) mais un pouvoir à manier avec précaution, un pouvoir que même les initiés redoutent : une lame sans poignée.

Et puis il y a les skinchangers, traduit en « zomans », une traduction que je ne trouve pas formidable (pourquoi pas changeurs de peau ?). Ces « mutants » ont la capacité de se fondre dans les corps des animaux, loups, aigles, ours, lynx. Pour toutes sortes de bénéfices… Mais là encore ce n’est pas sans danger. Rien n’est sans danger dans le monde décrit par Martin. Et surtout pas ce qui apparaît de l’ordre du surnaturel.

Et les femmes dans tout ça ?

Le monde de Westeros (qui n’est en réalité que le contient le plus à l’ouest du monde connu) est un lieu de batailles et donc réservé aux guerriers me direz-vous. Pas tant que ça vous répondrais-je.

Vous y trouverez sorcières et guerrières, prêtresses et assassins, courtisanes, catins de bas étage et de haut parage, surtout vous trouverez des femmes fortes, qu’elles soient intelligentes, machiavéliques ou stupides. Parfois elles sont tout ça à la fois. Certaines sont pathétiques, certaines sont haïssables. En réalité elles ne valent pas mieux que les hommes. ou disons, à peine mieux… Car elles sont les premières victimes des guerres. Jeunes elles risquent le viol et la mort, plus âgées, elles risquent de voir leurs enfants massacrés. Elles sont confrontées à des monstres à visage humain (à peine) tels Clegane la Montagne ou Rorge et Mordeur.

Rien ne leur est épargné surtout pas le pire. Si vous aimez frémir, les pitres sanglants vont vous régaler…

Quel est ce monde ?

Le monde crée par GRR Martin évoque l’Europe médiévale pour ce qui concerne Westeros. Mais on sait qu’existent Sothoryos au sud et le gigantesque continent de l’est connu sous le nom d’Essos. Peu de personnages l’ont parcouru. Mais deux d’entre eux retiennent l’attention : Euron Greyjoy, un fer-né (sorte de viking sinistre) fasciné par le surnaturel et Mestre Marwyn un mestre (représentant de cette caste de conseillers / précepteurs des grandes maisons nobles : des érudits au profond savoir) qui n’a que mépris pour sa corporation. Des « moutons gris » dit-il sans doute à raison… et lorsque vous saurez pourquoi, une grande vérité éclatera.

Le monde est vaste, complexe et cruel mais fascinant. Un piège magnifique mais mortel.

Laissez vous séduire par la chanson de glace et de feu, mais soyez-en sûr, vous ne sortirez pas indemne d’une telle lecture.

N’est-ce pas après tout ce que l’on demande à la littérature ?

vendredi 9 avril 2010

Moi je vote pour...

Megan Fox en Red Sonja !

Sublime et plantureuse créature issue de nos rêves les plus torrides, je la verrais bien la petite Megan incarner le personnage d'Howard. Mais attention, la vraie Sonja, pas le succédané de la Marvel que l'on a placé par facilité à l'âge Hyborien. Non, la "vraie", la seule, qui combat les Ottomans au siège de Vienne ! Là ça aurait de la gueule ! Bon, on peut toujours rêver...

samedi 3 avril 2010

"Le chevalier errant" et "l'épée lige" de GRR Martin

Je serais tenté de dire que Martin est meilleur que Tolkien, mais ce serait sans doute purement par provocation. Ceci-dit son évocation dans la série "Le trône de fer"d'une fantasy à la fois réaliste et fantasmatique me paraît tout à fait exceptionnelle : c'est de la littérature pour lecteur doté d'un cerveau. Ce qui en fantasy, ne nous le cachons pas est rare (c'est mon avis et je le partage). Avec ces deux récits Martin prouve encore une fois sa maestria : évoquer un univers moyen ageux aussi riche de détails et savoir y ajouter -sans que le lecteur ne voie trop les ficelles- des éléments archétypaux qui font de son récit un conte d'une rare force mythologique a de quoi laissé baba. J'avoue, j'admire cette capacité à impliquer le lecteur et à créer un univers aussi plein de couleurs, de joie que d'atrocités. "Le chevalier errant" est le plus fort des deux récits mais aussi le plus "facile" dans le sens où l'on devine où l'auteur souhaite nous emmener, mais les personnages sont si vrais, le style si impeccable et le climax si incroyable de sensibilité et de force que franchement je suis abasourdi. J'ai pris des coups, vraiment... " L'épée lige" perd en force ce qu'il gagne en réalisme, l'intrigue ressemble à un casse-tête et rapidement les complications arrivent comme une nuée de corbeaux. Les personnages gagnent en épaisseur et en expérience ce qui les rend d'autant plus attachants. J'espère réellement que Martin nous fera le plaisir d'écrire une suite !

"La Route" de Cormac Mac Carthy

Je dois bien l'avouer, j'étais très sceptique. J'ai lu un certain nombre de récits post-apocalyptiques et aucun ne m'a jamais vraiment convaincu. Je trouvais que ça restait trop gentillet au regard de ce que pourrait signifier l'abolition de toute société humaine. Là, je n'ai pas été déçu. C'est sans artifice, aride (presque trop) et beaucoup d'éléments sont laissés à l'imagination du lecteur, ce qui rend le récit d'autant plus atroce. Excellent bouquin, malin et qui laisse à penser...